Luxembourg
16, boulevard Royal – L-2449 Luxembourg
 
Lundi au vendredi
8h00 à 17h00

Le rebond des marchés financiers depuis mars est certainement impressionnant. Depuis le 23 mars, l’indice mondial actions a ainsi progressé de 35 % en euro. Au vu de l’ampleur et de la rapidité de la baisse des marchés en février/mars d’un côté, des interventions des autorités de l’autre, une remontée des cours boursiers était logique. Il reste que voir certains marchés récupérer une grande partie de leur baisse en si peu de temps est étonnant. Comment l’expliquer?

MSCI World en euro

 

Source : Bloomberg / MSCI

Une première explication consiste à se dire qu’il ne sert à rien de chercher des raisons fondamentales à ce rebond. Les investisseurs achètent parce que le marché avait beaucoup baissé et qu’ils sont habitués à considérer toute baisse comme une opportunité d’achat. D’autant plus qu’ils savent les banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale, à leurs côtés. De plus, les économies rouvrent, certains indicateurs économiques récents étaient meilleurs que prévus (alors que les dégâts économiques à long terme ne sont pas encore visibles) et les nouvelles sur le front du coronavirus plutôt encourageantes.

Si on veut toutefois aller plus loin et trouver une justification plus fondamentale à la hausse des marchés, 4 possibilités semblent exister :

  • Les actions étaient fortement sous-évaluées en février, c’est-à-dire avant la baisse.
  • Les taux d’intérêt ont baissé. La valorisation des actions passe généralement par une actualisation de flux (bénéfices/dividendes/cash flows futurs).
  • L’anticipation d’une croissance économique future beaucoup plus forte, et donc d’un niveau des bénéfices nettement plus élevé, à cause du stimulus fiscal actuellement mis en place;

 

Une révision à la baisse des attentes de rendement des investisseurs en matière d’actions. L’argument ici serait de dire qu’à cause de la crise, les investisseurs ont pris conscience que les taux d’intérêt resteront définitivement bas et sont donc prêts à accepter des rendements plus faibles pour les actions.

 

Je dois dire qu’aucune de ces 4 possibilités ne me convainc vraiment :

  • Dire que les actions étaient particulièrement bon marché en janvier serait bizarre après 10 années de hausse et notamment une année 2019 très favorable. Sur base de la plupart des ratios de valorisation, les marchés boursiers étaient au contraire relativement chers, voire très chers. (Du moins en absolu, il est vrai qu’avec des taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs, on pourra toujours justifier des multiples encore plus élevés pour les actions ;
  • Les taux d’intérêt ne sont aujourd’hui pas beaucoup plus bas qu’en février;
  • A part l’Allemagne, aucun pays n’a jusqu’à présent lancé un grand programme de stimulation fiscale;
  • Pourquoi les investisseurs auraient-ils attendu jusqu’à maintenant pour finalement revoir leurs attentes alors que les taux d’intérêt sont bas depuis longtemps?

 

A moins de penser que nous sommes entrés dans une ère où les fondamentaux n’ont plus d’importance, la divergence entre réalité économique et comportement des marchés boursiers incite dès lors à une certaine méfiance par rapport à ces derniers.

Guy Wagner, Chief Investment Officer 

D’origine d’une famille d’entrepreneurs au Luxembourg et licencié en Sciences Économiques de l'Université Libre de Bruxelles, Guy a rejoint la Banque de Luxembourg en 1986, où il fut successivement responsable des départements Analyse Financière et Asset Management. Il devient ensuite Administrateur-Directeur de BLI - Banque de Luxembourg Investments, société de gestion nouvellement créée en 2005.

Depuis juillet 2022, il se consacre exclusivement à son rôle de Chief Investment Officer, à la gestion des portefeuilles et à la direction de l’équipe en charge de la gestion des différents fonds.

Suivez-moi sur Linkedin

Abonnez-vous
à notre newsletter
E-Mail