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Avec plus de 6500 milliards d’échanges quotidiens, le marché des changes est le marché le plus liquide et le plus volatil au monde. Liquide parce qu’il y a toujours beaucoup d’acheteurs et de vendeurs en tout temps : le marché des changes est ouvert 24 heures sur 24, 5 jours par semaine et il est totalement décentralisé c’est-à-dire qu’il n’y a pas de lieu physique ou de bourse centralisée où les transactions sont effectuées. Volatil car de très nombreux facteurs influencent les taux de change. De plus, tout est relatif puisqu’il s’agit de comparer les situations économiques via des paires de devises qui fluctuent.

Les paires de devises les plus échangées, souvent appelées devises fortes, englobent des monnaies comme le dollar américain (USD), l'euro (EUR) ou le yen japonais (JPY).

En novembre 20231, nous mettions en avant le fait que certaines économies des pays en développement se démarquaient sur la scène internationale notamment à travers leur classe moyenne grandissante et de plus en plus prospère. En concordance avec cette dynamique positive, les investisseurs s’intéressent aux devises sous-jacentes, susceptibles de se renforcer. Ainsi des devises telles que le yuan chinois (CNY), le peso mexicain (MXN) ou le réal brésilien (BRL) sont venues élargir la diversité des paires disponibles sur le marché du forex.

Véritable reflet des sentiments des investisseurs du monde entier, l’état d’équilibre d’une devise sur le marché des changes dévoile des indices précieux sur la santé économique de chaque pays et donne des pistes sur les tendances à venir. Une lecture fine de ce marché sans frontière permet d’en identifier les risques et opportunités et dans ce cadre, 4 facteurs permettent une meilleure appréhension du sujet.

Les fondamentaux macroéconomiques et stabilité géopolitique

Les fondamentaux macroéconomiques tels qu’une l'inflation contrôlée, une croissance économique saine, un solde commercial positif et une banque centrale crédible, influent sur la confiance des investisseurs du marché des changes. Les devises fortes provenant d'économies développées et stables, offrent une plus grande liquidité et une prédictibilité économique plus sûre. Les devises émergentes, sont plus sensibles aux changements économiques, géopolitiques et présentent des caractéristiques volatiles. Pour capter l’intérêt des investisseurs, les devises émergentes doivent bénéficier d’un contexte de taux élevé (1) où l’inflation décélère sensiblement (2) en plus de fondamentaux macroéconomiques stables ou en amélioration robuste (3). Le premier point permet de compenser l’investisseur pour la prise de risque supplémentaire. Le deuxième permet d’établir un sentiment de crédibilité éloignant les craintes de spirales inflationnistes dont sont souvent victimes les pays en développement. Le troisième enfin ajoute de la robustesse à la thèse d’investissement.

A titre d’exemple : si le Mexique affiche une croissance de son PIB supérieure à celle du PIB américain alors il serait logique de voir le peso mexicain s’apprécier face au dollar. Bien sûr, il n’y a jamais une seule raison qui explique l’appréciation ou la dépréciation d’une devise.

Matières premières et positionnement dans les chaînes de production mondiale

Si les devises fortes reposent sur des économies tertiarisées et complexes, c’est moins souvent le cas pour les devises émergentes. En effet, la croissance économique de certains pays en développement est étroitement liée à leurs matières premières. Certains pays ont réussi à s'intégrer efficacement dans les chaînes de valeur, tandis que d'autres sont fragilisés par une trop grande dépendance aux exportations de leurs matières premières.

Ainsi lorsque 80% des exportations d’un pays se résument à une matière première (e.g. le café) il semble évident qu’une appréciation du prix de la matière première sera, toutes choses étant égales par ailleurs, favorable pour sa devise. Mais on comprend aussi combien le pays est dépendant de cette source de revenus alors que les économies développées beaucoup plus diversifiées offrent une tout autre stabilité.

Lorsqu’une ou plusieurs matières premières augmentent il serait alors logique de voir les devises des pays exportateurs se renforcer par rapport aux devises des pays importateurs. Mais encore une fois, il n’y a jamais une seule raison qui explique l’appréciation ou la dépréciation d’une devise.

Valeur réelle des devises face à la compétitivité des économies sous-jacentes

Si le taux de change nominal mesure la valeur d’une devise par rapport à une autre, cette valeur ne donne aucune information quant au pouvoir d’achat d’une devise face à une autre. Le taux de change réel prend en compte l’inflation dans son calcul et reflète donc le pouvoir d’achat réel des devises.

Pourtant, si l’évolution des paires de taux de change réels offre un guide précieux pour savoir si les marchés des changes surévaluent ou sous-évaluent une devise, comprendre la détermination des taux de change réels reste l'une des questions les plus importantes et pourtant les plus difficiles de la recherche économique internationale.

De nombreux économistes ont tenté d’expliquer la fluctuation du taux de change réel par l’analyse de différences entre de nombreuses variables indépendantes. L’effet Balassa-Samuelson est un exemple communément connu parmi les praticiens. Cet effet met notamment en exergue la différence de productivité comme facteur expliquant l’évolution du taux de change réel.

Alors, lorsque que la croissance de productivité des biens s’atténue dans les pays riches et que l’accession aux technologies (facteur connu pour expliquer un gain de productivité) s’améliore dans les pays en développement, pourrait-on voir des devises émergentes s’apprécier sur le long terme ?

Le rôle clé du dollar

Le dollar américain occupe une place prépondérante dans l'économie mondiale. Il symbolise la stabilité et la confiance des marchés financiers. C’est une mesure fiable et un refuge en période d'instabilité économique. Cette prééminence transcende les frontières, le dollar est au cœur des échanges commerciaux et financiers à l'échelle internationale. C’est n’est pas sans raison qu’en 1971 John Bowden Connally alors secrétaire du Trésor américain a dit face à une délégation européenne s'inquiétant des fluctuations du dollar américain : « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ».

Conclusion

Le marché des changes joue un rôle crucial dans l'économie mondiale. Il reflète les dynamiques complexes des différentes nations et offre des opportunités d'investissement tout en présentant des risques importants. La capacité à interpréter les forces en place avec finesse permet aux acteurs du marché de prendre des décisions éclairées dans un environnement financier mondial en constante mutation. Dans un prochain article, nous prendrons le temps de comprendre comment un gestionnaire obligataire actif peut profiter des opportunités offertes par le marché des changes tout en restant vigilant sur les risques intrinsèques.


1 Les pays émergents sont-ils les nouveaux marchés développés ?

 

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Il est également rappelé que les performances passées d’un instrument financier ne préjugent en rien des performances futures.

Maxime Smekens

Maxime Smekens, Co-Fund Manager

Maxime est titulaire du diplôme d’Ingénieur de Gestion de l’Université Catholique de Louvain. Fraîchement émoulu de l'université, Maxime Smekens rejoint BLI - Banque de Luxembourg Investments en mars 2019.

Il intègre l’équipe de Gestion Obligataire en tant qu’analyste sur la dette des pays émergents. Les marchés émergents lui sont familiers puisque Maxime passe une partie de sa vie entre l’Asie et l’Europe de l’Est. Dans le cadre de ses études, Maxime développe un intérêt non seulement pour l’analyse des impacts macroéconomiques globaux sur les marchés mais aussi pour l’analyse quantitative financière. Sa première expérience en gestion d’actifs se fait chez Belfius où il élabore une plateforme de screening de fonds suivant des critères E.S.G. (Environnemental, Social et Gouvernemental).

 

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